Un contexte, des constats
Depuis plusieurs années, la laïcité est au cœur des débats politiques et des controverses médiatiques : les menus à la cantine, le port de signes religieux dans l’espace public, le burkini à la plage… Tous ces malentendus entretiennent des tensions, des incompréhensions, des peurs. La laïcité est souvent citée à tort ou pour ce qu’elle interdit, alors que la laïcité est une garantie absolue des libertés individuelles et collectives.
Des évènements
L’affaire des foulards de Creil en 1989 a suscité la polémique et déchaîné les passions, pour aboutir 15 ans plus tard à la loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.
En 2010, l’affaire Baby Loup et d’autres incidents relatifs au port du voile (en entreprise, dans l’espace public, à l’université…) vont de nouveau faire la une des journaux et crisper plus encore le contexte socio-politique. A l’international, plusieurs attentats sont revendiqués par des groupes musulmans intégristes. Dans ce contexte-là, les dispositifs de sécurité et de contrôles d’identité sont renforcés. Les amalgames et raccourcis (foulard, voile intégral) alimentent les confusions et renforcent les tensions politiques. Pour résulter à la promulgation de la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public (appelée parfois loi anti-burqa).
Un besoin de comprendre
L’actualité tragique de janvier 2015 et la mobilisation citoyenne qu’elle a suscitée ont, une nouvelle fois, rappelé la nécessité de partager les valeurs et principes fondamentaux qui fondent notre République. Une nouvelle fois encore, la laïcité est prise à partie. Professionnels et bénévoles font part de leurs malaises, intervenants sociaux et éducatifs manifestent un certain découragement et une difficulté à répondre aux situations qu’ils rencontrent ou aux interpellations dont ils font l’objet : revendications religieuses, prosélytisme, théorie du complot, discriminations…. Les jeunes manquent de repères et les professionnels manquent d’outils. Dans ce contexte , ces acteurs de terrains demandent des formations à la citoyenneté mais le cœur du problème, c’est comprendre la laïcité et les valeurs qui s’y réfèrent.
Une réponse concrète
En mars 2015, la Direction de la ville et de la cohésion urbaine du commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), propose lors d’une réunion interministériel (6 mars 2015) un plan de formation qui sera intégré dans les 60 mesures et décisions de la République en actes issues du Comité interministériel égalité citoyenneté (CIEC). Mandaté par le Premier ministre pour concevoir et déployer ce plan national de formation à la laïcité destiné aux acteurs de terrain de la politique de la ville, de la jeunesse et des sports, le CGET constitue un groupe de travail partenarial, réunissant plusieurs ministères, institutions, instances, experts. Ce plan doit permettre aux agents publics, aux professionnels et aux bénévoles associatifs d’être au clair avec le principe de laïcité, de mieux comprendre comment l’appliquer et l’expliquer dans l’exercice de leurs métiers.
Une ambition, des enjeux
L’ambition de ce plan est d’aider à adresser à tous, et tout particulièrement aux jeunes, un discours clair et sans équivoque sur ce qu’est la laïcité et ce qu’elle n’est pas, et sur le lien fort entre ce principe et les valeurs de la République.
Il vise également à répondre aux besoins et aux sollicitations des professionnels et des bénévoles, à leur apporter un appui et un soutien dans le cadre de leurs activités quotidiennes :
– répondre aux besoins de qualification et d’accompagnement des acteurs de terrain sur les principes de la République et notamment l’application du principe de Laïcité ;
– adresser aux populations, à travers les professionnels de terrain impliqués dans la mise en œuvre des politiques publiques, un discours clair et univoque ;
– permettre à des publics d’horizons professionnels différents de travailler ensemble ces questions.
Le Plan de formation Valeurs de la République et Laïcité – Plan VRL – a donc été conçu pour permettre aux acteurs de terrain de contribuer à promouvoir le vivre-ensemble et partager les valeurs de la République au quotidien.
Des objectifs
Mis en œuvre 6 mois après le CIEC de mars 2015, et compte tenu de l’ampleur des publics visés et à former – 10.000 personnes d’ici fin 2017 – le déploiement du plan repose sur :
- la mobilisation des dispositifs de formation professionnelle existants ;
- la création d’un réseau national ;
- un dispositif de formation “en cascade”.
Pour répondre aux enjeux et s’assurer de la cohérence des messages diffusés dans le cadre des formations, un kit pédagogique unique est élaboré par le groupe de travail partenarial.
Un outil unique
Le kit pédagogique Valeur de la République et Laïcité (VRL) repose sur une approche pragmatique. A partir d’un cadrage historique et juridique, l’application du principe de laïcité est abordée au moyen de différents cas pratiques adaptés aux situations professionnelles des participants. Les formateurs disposent ainsi d’un outil « clé en mains », comprenant les contenus, les modalités d’animation pédagogique et les supports leur permettant d’animer une formation de deux jours.
Des résultats
Le déploiement du Plan VRL est rapidement monté en puissance et les objectifs du Plan à 5 ans ont étés atteints en deux ans. Le Plan VRL a été réaffirmé à plusieurs reprises : 2018 dans le cadre du plan de Mobilisation nationale pour les habitants des quartiers ; dans le rapport Besnard en mai 2021 ; par le Comité Interministériel de la Laïcité de juillet 2021. Il est également approuvé par le Bureau de la laïcité.
Un dispositif national de formation
Au niveau national, le pilotage du plan de formation VRL a été confié à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), avec l’appui du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et du bureau central des cultes du ministère de l’Intérieur, en lien avec plusieurs ministères* ainsi que l’Union sociale pour l’habitat (USH), également membres de son comité de pilotage.
*Les directions des ministères concernés sont : Direction générale de l’enseignement scolaire, Direction des sports, Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, Direction générale de la cohésion sociale, Direction des ressources humaines du Secrétariat général des ministères chargés des Affaires sociales, Direction générale de l’administration et de la Fonction publique, Direction de la protection judiciaire de la jeunesse, Direction de l’intégration et de l’accès à la nationalité.
Au niveau régional, les DREETS ou préfectures de région et les délégations du CNFPT organisent la formation et l’habilitation des formateurs (niveau 2) sur une durée de trois jours.
À l’échelle locale, le Plan VRL est animé par les services régionaux de l’État en charge de la politique de la ville (Directions régionales Économie, Emploi, Travail et Solidarités (DREETS) ou préfectures de région, ainsi que par les délégations territoriales du CNFPT.
Des formations « en cascade »
Le dispositif est déployé sur l’ensemble du territoire français :
Au niveau national, l’ANCT et le CNFPT organisent la formation et l’habilitation des formateurs de formateurs (formateurs régionaux – niveau 1) sur une durée de quatre jours ;
Au niveau régional, les DREETS et les délégations du CNFPT organisent la formation et l’habilitation des formateurs départementaux (niveau 2) sur une durée de trois jours ;
Au niveau local, les formateurs départementaux habilités animent des formations de deux jours (niveau 3) pour les acteurs de terrain.
Un réseau national
Le Plan VRL s’appuie sur une dynamique et un maillage de femmes et d’hommes issus d’horizons professionnels très différents.
Ces professionnels ou bénévoles sont qualifiés pour transmettre sur leur territoire et dans la durée, un discours clair et univoque sur la laïcité.
Depuis le lancement du Plan VRL en 2015, ce sont :
- 400 formateurs de formateurs habilités
- plus de 2500 formateurs départementaux habilités
Les formateurs de formateurs et les formateurs sont issus des services de l’État, des collectivités territoriales, des écoles et des grands réseaux partenaires (instituts régionaux de travail social, fédérations d’éducation populaire et fédérations sportives). Ils sont sélectionnés, au niveau régional, sur la base de leurs compétences de formateurs et de leur connaissance du métier des acteurs auxquels ils s’adressent.
Afin de toucher le plus largement possible tous les acteurs de terrain, les différents réseaux partenaires dans les champs de la politique ville, de la jeunesse et des sports sont mobilisés pour diffuser la formation auprès de leurs salariés et adhérents.
Les centres de ressources de la politique de la ville sont également des partenaires privilégiés pour amplifier le déploiement du plan car ils peuvent identifier les publics des petites associations de quartiers, non affiliées à des réseaux. Ils sont, par ailleurs, mobilisés pour organiser sur le territoire des actions complémentaires au plan de formation : temps de sensibilisation et d’échanges entre acteurs, animation du réseau des formateurs…
Qualité et efficacité
En 9 ans, le plan national de formation VRL a permis de former plus de 120 000 acteurs de terrain et de structurer un réseau de plus de 3 000 formateurs habilités dans l’ensemble des régions de métropole et d’outre-mer. Une étude réalisée en 2018 par une équipe de recherche atteste que cette clarification du principe de laïcité est immédiatement utile : elle sécurise les participants dans leurs pratiques et permet d’apaiser les relations avec les publics. L’étude montre que six à dix-huit mois après la formation, le taux de satisfaction des participants reste remarquablement stable à 97 %. La formation contribue à faire évoluer les prises de position des professionnels dans le sens d’un plus grand respect. Plus de la moitié d’entre eux indiquent qu’elle les a conduits à modifier leurs pratiques professionnelles.
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Se renseigner sur le Plan VRL
Pour toute information concernant le plan de formation « Valeurs de la République et laïcité », vous pouvez contacter l’ANCT à l’adresse suivante : formation.laicite@anct.gouv.fr